
MACHINES ÉLECTRIQUES, 4ÈME ANNÉE, OPTION ÉLECTRICITÉ
Edition 2025 / Enseignement primaire, secondaire et technique en RDC.
PRÉLIMINAIRES
1. Objectifs Généraux du Cours 🎯
Ce cours de terminale représente l’aboutissement de la formation en électrotechnique, se focalisant sur l’étude approfondie des convertisseurs d’énergie électromécanique et statique. L’objectif est de former un technicien supérieur capable de comprendre la constitution, le principe de fonctionnement, les caractéristiques et les domaines d’application de l’ensemble des machines électriques industrielles. Au terme de ce module, l’apprenant doit pouvoir analyser le comportement d’un moteur en charge, interpréter une plaque signalétique, choisir une machine pour une application donnée, comprendre les principes de leur commande et connaître les bases de leur maintenance.
2. Approche Pédagogique Recommandée 🧑🏫
La pédagogie de ce cours doit impérativement articuler la théorie, l’expérimentation en laboratoire et l’analyse de systèmes réels. Chaque machine fera l’objet d’une modélisation mathématique rigoureuse, immédiatement validée par des essais sur des bancs de mesure dédiés. L’enseignant doit encourager une approche de « médecin des machines », en apprenant aux élèves à diagnostiquer des pannes à partir de l’analyse des grandeurs électriques et mécaniques. Des études de cas tirés du tissu industriel congolais seront privilégiées, comme l’analyse des contraintes de démarrage des grands moteurs des broyeurs de la cimenterie de Lukala ou l’étude du plan de maintenance des alternateurs d’une centrale hydroélectrique de la région des Grands Lacs.
3. Prérequis du Cours 📚
Une maîtrise totale de l’ensemble des connaissances des trois années précédentes est un prérequis absolu. L’élève doit exceller dans l’analyse des circuits magnétiques et des systèmes triphasés, maîtriser la lecture de schémas de commande complexes et posséder de solides bases en mécanique des solides. Ce cours synthétique exige une forte capacité à connecter les différents domaines du génie électrique pour appréhender la machine comme un système intégré.
PARTIE 1 : PRINCIPES TRANSVERSAUX ET MACHINES À COURANT CONTINU
Cette partie établit les principes physiques communs à toutes les machines tournantes et approfondit l’étude de la machine à courant continu. Bien que son usage se raréfie dans les applications générales, elle demeure une référence pédagogique inégalée et reste présente dans des secteurs spécifiques comme la traction ou les servomoteurs de forte puissance.
Chapitre 1: Principes Communs aux Machines Électriques Tournantes
1.1. La Conversion Électromécanique de l’Énergie
Le principe de réversibilité des machines électriques est établi : la même machine peut, dans sa conception, fonctionner en moteur (convertir l’électrique en mécanique) ou en générateur (convertir le mécanique en électrique). Les lois physiques sous-jacentes (forces de Laplace et de Lorentz) sont rappelées.
1.2. Le Circuit Magnétique dans les Machines Tournantes
L’importance du circuit magnétique (stator et rotor en matériaux ferromagnétiques) pour canaliser et amplifier le flux est soulignée. La notion d’entrefer, l’espace entre le stator et le rotor, est présentée comme un élément clé qui conditionne les performances de la machine.
1.3. Les Enroulements Statoriques et Rotoriques
La technologie des enroulements est étudiée : conducteurs en cuivre, isolation, et disposition dans les encoches pour créer des distributions de champ magnétique spécifiques (sinusoïdales pour les machines AC).
1.4. Bilan des Puissances et Notion de Rendement
Un modèle de bilan de puissance générique pour une machine tournante est présenté, identifiant les différents postes de pertes : pertes électriques par effet Joule (pertes cuivre), pertes magnétiques (pertes fer), et pertes mécaniques (frottements et ventilation). Le rendement est défini comme le critère de performance global.
Chapitre 2: La Machine à Courant Continu : Génératrice (Dynamo)
2.1. Constitution et Types d’Excitation
La constitution de la machine DC (inducteur statorique, induit rotorique, collecteur et balais) est révisée en détail. Les différents modes de connexion de l’enroulement d’excitation (shunt, série, compound, indépendante) sont analysés.
2.2. Réaction Magnétique d’Induit
Le phénomène de la réaction magnétique d’induit, c’est-à-dire la déformation du champ magnétique principal par le champ créé par le courant d’induit, est expliqué. Ses conséquences (chute de tension, problème de commutation) et les solutions pour y remédier (enroulements de compensation) sont présentées.
2.3. Caractéristiques et Domaines d’Application
Les caractéristiques tension-courant de chaque type de dynamo sont tracées et interprétées, permettant de définir leurs domaines d’application respectifs (la dynamo shunt pour la charge de batteries, la dynamo série pour la soudure).
2.4. Maintenance de la Machine à Courant Continu
La maintenance spécifique de la machine DC est abordée, en se concentrant sur l’ensemble collecteur-balais, qui est son point le plus vulnérable : surveillance de l’usure des balais, nettoyage du collecteur, et diagnostic des problèmes de commutation (étincelles excessives).
Chapitre 3: La Machine à Courant Continu : Moteur
3.1. Couple, Vitesse et Force Contre-Électromotrice (F.C.É.M.)
Les équations fondamentales du moteur DC sont établies, reliant le couple au courant d’induit et la vitesse de rotation à la force contre-électromotrice (F.C.É.M.). Le rôle auto-régulateur de la F.C.É.M. est mis en évidence.
3.2. Caractéristiques Mécaniques (Couple-Vitesse)
Les caractéristiques couple-vitesse pour les moteurs shunt (vitesse stable), série (couple de démarrage très élevé) et compound (compromis) sont analysées. Cette analyse permet de choisir le type de moteur le plus adapté à la charge mécanique à entraîner.
3.3. Démarrage et Variation de Vitesse
La nécessité d’un rhéostat de démarrage pour limiter le courant d’induit à la mise sous tension est expliquée. Les méthodes de variation de vitesse (par action sur la tension d’induit ou sur le flux d’excitation) sont présentées, justifiant l’utilisation des moteurs DC dans des applications de précision.
3.4. Applications Spécifiques
Les domaines où le moteur à courant continu reste pertinent sont explorés : la traction électrique (trains, tramways), les laminoirs dans la sidérurgie, et les servomoteurs de forte puissance pour le positionnement, des applications que l’on retrouve dans l’industrie lourde en RDC.
PARTIE 2 : LE TRANSFORMATEUR ET LA CONVERSION STATIQUE
Cette partie se concentre sur la machine électrique qui ne tourne pas mais qui est sans doute la plus importante : le transformateur. Son étude est fondamentale pour comprendre la structure des réseaux électriques.
Chapitre 4: Le Transformateur Monophasé et Triphasé
4.1. Le Schéma Équivalent du Transformateur Réel
Le schéma équivalent ramené au secondaire (modèle de Kapp) est développé. Il modélise toutes les imperfections du transformateur (résistances des enroulements, réactance de fuite, branche de magnétisation) et permet une analyse précise de son comportement.
4.2. Essais à Vide et en Court-Circuit
La méthodologie complète des essais normalisés du transformateur est détaillée. L’élève apprend comment, à partir de ces deux essais simples et peu coûteux en énergie, on peut déterminer tous les paramètres du schéma équivalent et prédire les performances du transformateur en charge.
4.3. Couplages et Indice Horaire du Transformateur Triphasé
L’étude des couplages du transformateur triphasé (Y, D, Z) est approfondie. L’importance de l’indice horaire pour la mise en parallèle et pour la constitution des réseaux (fourniture du neutre) est expliquée à travers des diagrammes vectoriels.
4.4. Critères de Choix d’un Transformateur
Les critères techniques pour sélectionner un transformateur sont passés en revue : puissance nominale (en kVA), tensions primaire/secondaire, type de refroidissement (sec, à huile), et tension de court-circuit (qui influence sa capacité à supporter les défauts).
Chapitre 5: Exploitation et Maintenance des Transformateurs
5.1. Le Couplage en Parallèle
Les conditions strictes de mise en parallèle de transformateurs sont justifiées (même rapport, même indice horaire, tensions de court-circuit proches). La manière dont la charge se répartit entre les transformateurs en fonction de leurs impédances respectives est analysée.
5.2. Les Protections du Transformateur
Les dispositifs de protection spécifiques aux transformateurs de puissance sont étudiés : la protection différentielle contre les défauts internes, le relais Buchholz pour la détection de dégagements gazeux dans l’huile, et les thermomètres pour la surveillance de la température.
5.3. La Maintenance des Transformateurs à Huile
Les opérations de maintenance préventive pour les transformateurs immergés sont décrites : contrôle du niveau d’huile, analyse périodique de la rigidité diélectrique de l’huile, et inspection des traversées et des bornes, des opérations critiques pour la fiabilité des postes de la SNEL.
5.4. L’Autotransformateur
La technologie et les applications de l’autotransformateur sont présentées. Son utilisation pour le démarrage de moteurs, l’interconnexion de réseaux à des tensions voisines, et dans les régulateurs de tension est illustrée.
PARTIE 3 : LES MACHINES ASYNCHRONES
Cette section est entièrement dédiée au moteur asynchrone, la machine la plus robuste, la plus économique et la plus répandue dans le monde industriel. Sa maîtrise est une compétence centrale du technicien électromécanicien.
Chapitre 6: Le Moteur Asynchrone Triphasé : Analyse et Performances
6.1. Le Diagramme du Cercle (Diagramme de Heyland)
Le diagramme du cercle est présenté comme un outil graphique qui, à partir des essais à vide et à rotor bloqué, permet de prédire l’ensemble des performances du moteur (courant, couple, puissances, rendement) pour n’importe quel point de fonctionnement.
6.2. Les Moteurs Asynchrones à Double Cage et à Encoches Profondes
Pour améliorer le couple de démarrage, des technologies de rotor spécifiques sont étudiées. Le principe du rotor à double cage d’écureuil, qui combine une cage externe résistante (pour le démarrage) et une cage interne peu résistante (pour la marche nominale), est expliqué.
6.3. Le Moteur Asynchrone à Rotor Bobiné
Le moteur à rotor bobiné, dont les enroulements rotoriques sont accessibles via des bagues et des balais, est étudié. L’insertion de résistances rotoriques au démarrage permet d’obtenir un couple de démarrage maximal tout en limitant le courant, une solution privilégiée pour les charges à forte inertie (broyeurs, concasseurs) dans l’industrie minière du Haut-Katanga.
6.4. Bilan Énergétique et Classes de Rendement
Le calcul du rendement par la méthode des pertes séparées est appliqué au moteur asynchrone. Les classes de rendement normalisées (IE1, IE2, IE3, IE4) sont introduites, soulignant l’importance de l’efficacité énergétique dans le choix d’un moteur moderne.
Chapitre 7: Commande et Variation de Vitesse des Moteurs Asynchrones
7.1. Comparaison Approfondie des Procédés de Démarrage
Une analyse comparative des procédés de démarrage (direct, étoile-triangle, démarreur progressif) est menée, en se basant non seulement sur le courant, mais aussi sur le couple de démarrage fourni, afin de choisir la solution la mieux adaptée à la caractéristique de la charge entraînée.
7.2. Le Moteur Asynchrone en Fonctionnement Générateur
Le fonctionnement hypersynchrone de la machine asynchrone est étudié. Lorsqu’elle est entraînée au-dessus de sa vitesse de synchronisme, elle devient une génératrice et renvoie de la puissance active au réseau. Cette propriété est utilisée dans les applications de freinage par récupération ou dans certaines petites centrales hydroélectriques.
7.3. Introduction à la Variation de Vitesse Électronique
Le principe de la variation de vitesse par action sur la fréquence des courants statoriques (commande U/f = constante) est introduit comme la méthode la plus performante. L’architecture du variateur de vitesse (redresseur – bus DC – onduleur MLI) est présentée.
7.4. Diagnostic des Pannes du Moteur Asynchrone
Une méthodologie de dépannage est enseignée. Elle hiérarchise les contrôles à effectuer en cas de panne : contrôles de l’alimentation (présence et équilibre des phases), contrôles mécaniques (rotation libre, absence de bruit), et contrôles électriques (mesure de l’isolement et de la continuité des enroulements).
PARTIE 4 : MACHINES SPÉCIALES ET MAINTENANCE
Cette dernière partie couvre les machines monophasées, très répandues dans l’environnement domestique et tertiaire, et conclut la formation par une synthèse sur les méthodes modernes de maintenance qui garantissent la longévité et la fiabilité des parcs de machines.
Chapitre 8: Les Moteurs Monophasés et Spéciaux
8.1. Le Moteur Monophasé à Phase Auxiliaire et Condensateur
L’étude du moteur monophasé est approfondie. La différence entre le moteur à condensateur de démarrage (coupé après le lancement) et le moteur à condensateur permanent (qui améliore le couple et le rendement en marche) est expliquée.
8.2. Le Moteur à Bagues de Déphasage (Spire de Frager)
Cette technologie très simple et économique, utilisée pour les petits ventilateurs ou pompes de faible puissance, est présentée. Le principe de la création d’un champ tournant « glissant » par une spire en court-circuit sur une partie d’un pôle est analysé.
8.3. Le Moteur Universel
La constitution et le fonctionnement du moteur universel (à collecteur) sont révisés. Sa caractéristique de très grande vitesse à vide et sa capacité à fonctionner en AC comme en DC sont rappelées, justifiant son usage dans l’électroportatif.
8.4. Introduction aux Moteurs Pas-à-Pas
Le principe du moteur pas-à-pas, qui tourne d’un angle précis à chaque impulsion de commande, est introduit. Son utilisation dans les applications de positionnement en boucle ouverte (imprimantes 3D, robotique simple) est présentée comme une ouverture vers la mécatronique.
Chapitre 9: Maintenance Prédictive et Conditionnelle des Machines
9.1. Les Stratégies de Maintenance
Les différentes stratégies de maintenance sont comparées : la maintenance corrective (subir la panne), la maintenance préventive systématique (intervenir à intervalles fixes) et la maintenance prédictive ou conditionnelle (intervenir uniquement lorsque des signes d’usure apparaissent).
9.2. L’Analyse des Vibrations
L’analyse vibratoire est présentée comme une technique puissante pour surveiller l’état mécanique d’une machine (roulements, alignement, équilibrage). Le principe de la mesure du spectre de vibration pour identifier les défauts naissants est expliqué.
9.3. L’Analyse des Huiles
Pour les machines lubrifiées, l’analyse périodique d’un échantillon d’huile est expliquée. Elle permet de détecter une usure anormale des pièces (par la présence de particules métalliques) ou une dégradation du lubrifiant lui-même.
9.4. L’Alignement Laser des Accouplements
La technique de l’alignement laser des arbres de la machine motrice et de la machine réceptrice est présentée comme la méthode moderne garantissant un alignement parfait. Un bon alignement est crucial pour la durée de vie des roulements et des accouplements, une compétence à haute valeur ajoutée pour les techniciens de maintenance des grandes industries de la RDC.
ANNEXES
Les annexes sont conçues comme un guide de terrain pour le technicien. Elles contiennent des fiches de diagnostic des pannes pour chaque type de machine, des abaques de choix de moteurs, des tables de graissage et de périodicité d’entretien, et un guide des normes de sécurité pour les interventions sur machines électriques. Un glossaire complet des termes de l’électromécanique est également inclus.